Les artisans retraités, champions de la prévoyance
Publié par Ayodélé Germa le - mis à jour à
Outre une sensible disparité entre les chefs d'entreprises et leurs conjoints, le premier observatoire des retraités de l'artisanat constate une bonne anticipation dans la préparation de leur retraite. Le baromètre note cependant un certain déni vis-à-vis de la perte d'autonomie.
La prudence est mère de sûreté, les artisans retraités l'ont bien compris. C'est ce que révèle le tout premier baromètre* rendu le 17 juin 2014 au sujet des retraités du secteur artisanal. 38% des artisans bénéficiaires directs d'une complémentaire retraite déclarent avoir commencé à préparer leur retraite financière avant 40 ans. Un chiffre légèrement plus élevé que la moyenne nationale qui est de 36%. Côté finance, 77% des anciens chefs d'entreprise touchent plus de 1000 euros par mois d'allocation retraite. Selon Marie-Jeanne Amata, directeur général de la MNRA : " on est loin de l'image d'Epinal d'un secteur artisanal défavorisé que les gens dépeignent souvent par défaut ".
En revanche, les voyants sont au rouge du côté de leurs conjoints qui sont tout juste 20% à avoir préparé leur retraite avant 40 ans. Pour Marie-Jeanne Amata, cette disparité est en partie due aux chefs d'entreprises artisanales qui déclarent rarement la collaboration de leurs conjoints (même s'ils sont tenus de le faire depuis le 1er juillet 2007). En 2010, les conjoints collaborateurs étaient estimés à 332 000. Mais en fin d'année 2012, seuls 17 000 ont été inscrits au régime social des indépendants. D'autre part, seuls 36% d'entre eux bénéficient du régime de retraites obligatoires à taux plein contre 65% des anciens chefs d'entreprise. 46% perçoivent un montant mensuel de retraite inférieur à 1000 euros contre 32% pour les artisans. Cependant les conjoints, pour la plupart, ne sont pas totalement démunis à l'orée de la retraite, car 47% des anciens chefs d'entreprise interrogés déclarent avoir constitué un capital pour leur conjoint et leur famille.
Perte d'autonomie
Autre enseignement de cette étude : 63% des artisans retraités ignorent le montant mensuel de la perte d'autonomie et ne se sont pas non plus prémunis contre cette éventualité (aménagements de l'habitat, service à domicile, déplacement accompagné). Le baromètre souligne en effet une certaine distance de leur part vis-à-vis de cette problématique. La perte d'autonomie coûte pourtant environ 1400 euros par mois pour un retraité qui désire rester à son domicile et 2800 euros pour les personnes âgées prises en charge en institut. Conséquence directe de ce déni : le baromètre constate une faible souscription à l'allocation de perte d'autonomie (12%).
Si ces derniers constats sont mitigés, la santé et la qualité de vie des artisans retraités, quant à elles, sont au beau fixe. En effet, 8 retraités sur 10 se considèrent en bon, voire, très bon état de santé. Un fait conforté par le faible nombre (9%) qui affirme rencontrer des difficultés pour se faire soigner. Enfin, neuf retraités sur dix se déclarent satisfaits de leur qualité de vie.
* Ce baromètre a été réalisé par l'institut BVA (institut d'étude de marché et d'opinion). L'étude s'est basée sur un échantillon de 509 retraités bénéficiant d'une complémentaire retraite individuelle auprès de la MNRA (Mutuelle des artisans et du commerce de proximité). Leurs fichiers téléphoniques ont permis d'interviewer l'échantillon entre le 24 février et le 6 mars 2014.