L'objet connecté en entreprise : un ami qui vous veut du bien ?
Publié par Aurélien Andre, consultant pour le cabinet de conseil Square le - mis à jour à
Les objets connectés se mettent au service des entreprises au nom du bien-être des employés mais la véritable question est de savoir si les salariés ne seront pas la cible d'une finalité détournée au profit de l'entreprise pour accroitre sa performance en contrôlant leur activité ?
L'IoT des objets est en plein boom avec 7 milliards d'objets connectés en service en 2018 et plus de 21,5 milliards en 2025 selon le cabinet IoT Analytics. Après avoir inondé le marché des particuliers, ces technologies se mettent au service des entreprises au nom du bien-être des employés. L'objectif affiché est d'assurer de meilleures conditions de travail en anticipant leurs besoins via des bracelets, casques ou applications connectées mais la véritable question est de savoir si les salariés ne seront pas la cible d'une finalité détournée au profit de l'entreprise pour accroitre sa performance en contrôlant leur activité ?
Un nouvel allié révolutionnaire dans la prévention des risques au travail
De prime abord, ces objets offrent une belle promesse, celle de garantir un épanouissement professionnel maximal au salarié grâce à l'analyse de données et de son environnement. Citons le robot français Numii, premier objet connecté au monde mesurant la pénibilité au travail en scannant l'espace de travail et la posture des salariés. D'autres objets permettent d'ajuster automatiquement certains paramètres de travail (humidité, température, lumière, bruit, qualité de l'air, odeurs, particules, vibrations) et éditer des rapports pour améliorer ces facteurs. Ces alliés numériques vont jusqu'à coacher les utilisateurs tel le coussin connecté Darma en analysant la posture des salariés, leurs habitudes et leur niveau de stress a pour objectif de les conseiller dans la posture à adopter.
De manière semblable, les vêtements ou bracelets connectés vérifient que les salariés ne souffrent pas de troubles respiratoires ou du rythme cardiaque lorsqu'ils sont soumis à de fortes contraintes physiques. Avec autant d'exemples illustrant la réussite et l'intérêt des objets connectés en entreprise, difficile de ne pas apprécier les améliorations que ces derniers peuvent apporter à l'heure ou le bien être en entreprise est devenu un véritable enjeu pour les entreprises.
Un climat de défiance à désamorcer entre salarié et employeur
Cette louabilité mise de côté, il est indéniable que la prolifération de ces objets connectés représente une source potentielle de dérives. L'éthique de l'entreprise sera donc au coeur des enjeux car la société devra garantir que les informations collectées serviront uniquement à améliorer le bien-être des salariés et non à des fins d'évaluations professionnelles et de jugement personnel. À titre d'exemple, la Bank Of America a testé sur ses employés des badges enregistrant leurs déplacements, leurs pauses café, le ton et la fréquence des conversations. En Chine, il existe des entreprises utilisant des capteurs pour surveiller la vie émotionnelle des employés afin d'adapter leurs décisions managériales en conséquence : changement de poste ou non, repos imposé, etc... Ces exemples illustrent que l'utilisation d'objets connectés ne bénéficiera pas forcement aux salariés.
L'un des objectifs indirects des entreprises est d'améliorer la productivité et la performance de leurs salariés en leur " garantissant " une meilleure hygiène de vie grâce à l'Iot mais certains bracelets connectés vont beaucoup plus loin. Citons Amazon qui a déposé un brevet en février 2018 pour un bracelet qui vibre si les mains de l'employé sont mal positionnées sur le colis, s'il n'est pas actif mais calcule également le temps de pause quotidien. Ce type d'objet connecté avec un objectif assumé relance le débat de la surveillance au travail et du traitement déshumanisé des salariés. Amazon se défend en mettant en avant le souci d'aider le salarié à mieux travailler et faire baisser le nombre d'incidents clients.
Pour en savoir plus
Aurélien Andre, consultant pour le cabinet de conseil Square, expert sur grandes tendances de consommation liées aux nouvelles technologies.