L'entrepreneuriat, remède au chômage des jeunes?
Publié par Marion Perroud le | Mis à jour le
Le statut d'entrepreneur-étudiant est déployé depuis septembre à travers tout l'Hexagone. Ce pilier du plan national pour l'entrepreneuriat étudiant a pour vocation d'encourager la création et la reprise par les jeunes afin d'en faire les futurs acteurs du redressement productif du pays.
Tanguy Bard de Coutance, 25 ans, n'a pas attendu la fin de ses études pour créer sa start-up. Depuis 2012, le cofondateur de Biodegr'AD, qui commercialise des supports publicitaires éphémères, peine à mener de front vies universitaire et entrepreneuriale.
"Quand vous devez démarcher les clients, manager du personnel, voire enchaîner les petits boulots pour vivre, il devient ingérable de cumuler les deux. D'autant plus qu'on n'entre dans aucune case de l'administration et que le corps enseignant ne nous ménage pas. Ce qui peut être décourageant", regrette le jeune entrepreneur lyonnais.
C'est pour en terminer avec ce casse-tête que le gouvernement vient de créer le statut "étudiant-entrepreneur", opérationnel dès la rentrée 2014-2015. Ce statut dérogatoire a pour vocation de permettre aux jeunes de moins de 28 ans de se consacrer au développement de leur entreprise dans le cadre d'une formation diplômante sans perdre les avantages du régime étudiant (la mutuelle, notamment).
A l'échelle des régions, ils sont rattachés au réseau des 29 Pepite (pôles étudiants pour l'innovation, le transfert et l'entrepreneuriat) créés au début de l'année, dans le cadre du plan national pour le développement de l'entrepreneuriat étudiant, porté par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
"C'est un grand pas en avant, selon Bénédicte Sanson, déléguée générale du Moovjee (Mouvement pour les jeunes et les étudiants entrepreneurs). L'État reconnaît, ainsi, que l'entrepreneuriat a une valeur éducative et professionnelle."
Outre ce nouveau statut, des modules "entrepreneuriat et innovation" doivent être intégrés à l'ensemble des cursus universitaires dans les prochaines années. L'objectif : atteindre, d'ici 2018, 20 000 créations et reprises d'entreprises par les jeunes issus de l'enseignement supérieur.
24 % des créateurs ont moins de 30 ans
Face à un taux de chômage des moins de 25 ans qui frise les 24 %(1) en 2014, le Gouvernement voit dans l'entrepreneuriat une porte de sortie salutaire, pour l'emploi des jeunes générations comme pour la reprise de la croissance.
Une volonté politique qui semble s'accorder en tout avec une attente bien réelle. Selon le dernier baromètre du Moovjee publié en 2013, 37 % des lycéens et étudiants souhaiteraient créer ou reprendre une entreprise. Un taux de candidats à l'entrepreneuriat plus élevé que la moyenne nationale, de l'ordre de 30 %, selon l'APCE (Agence pour la création d'entreprises).
Mais voilà, dans la réalité, " seulement 15 % des créateurs entreprennent à la sortie de leurs études ", pointe le rapport du groupe de travail sur la diffusion de l'esprit d'entreprendre auprès des jeunes, à l'issue des Assises de l'entrepreneuriat de 2013.
Crise économique, manque de liquidités, inexpérience professionnelle, peur de l'échec, manque de confiance du marché et des financeurs... à ces nombreux freins, ajoutez celui de la pression familiale et amicale, qui dissuaderait 88 % d'entre eux, selon une récente étude du cabinet de portage salarial Didaxis. Résultat, seuls 9 % des créateurs ont moins de 25 ans et 24 % moins de 30 ans(1).
Pourtant, les initiatives visant à redorer l'image de l'entreprise et à encourager l'entrepreneuriat des jeunes ne manquent pas. Des stages de professeurs en entreprise (proposés par la Fondation croissance responsable, par exemple), aux concours nationaux (avec Moovjee, 100 jours pour entreprendre, etc.), en passant par l'intervention d'entrepreneurs dans les classes (100 000 entrepreneurs), beaucoup est déjà fait pour rapprocher le monde de l'école et de l'entreprise.
Et ce, sans oublier les multiples organismes d'aide à la création (incubateurs, accélérateurs, programmes de mentorat, etc.). "Les blocages des jeunes sont souvent liés à une méconnaissance de l'écosystème entrepreneurial. Il faut que nous parvenions, dans les années à venir, à rendre nos dispositifs d'accompagnement plus visibles auprès d'eux, avance Bénédicte Sanson (Moovjee). Seules un tiers des sociétés créées passent le cap des cinq ans. Quand elles sont accompagnées, on double ce taux."
(1) Source : rapport du groupe de travail sur la diffusion de l'esprit d'entreprendre auprès des jeunes, Assises de l'entrepreneuriat 2013.
Pour aller plus loin
- Le statut "étudiant-entrepreneur" lancé à la rentrée
- Conférence sociale: ce que les dirigeants de TPE et de PME doivent retenir