L'égalité femmes/hommes en matière d'accès à la formation n'est pas un enjeu pour les entreprises
Publié par Gaëlle JOUANNE le
OPCALIA, organisme paritaire collecteur agréé (OPCA), a publié les résultats d'une étude sur l'égalité des chances entre les femmes et les hommes.
Opcalia, organisme paritaire collecteur agréé (OPCA), a publié, vendredi 27 février, les résultats d’une étude sur l’égalité des chances entre les femmes et les hommes. Cette étude réalisée entre juillet 2007 et octobre 2008 par Opinion Way (données quantitatives) et Catalys (aspects qualitatifs) auprès de 330 entreprises de toutes tailles - qui investissent dans la formation des salariées - révèle que l’égalité professionnelle est plus apparente que réelle et que l’égalité d’accès femmes/hommes à la formation professionnelle n’est pas perçue comme une priorité pour les entreprises. L’étude fait apparaître une disparité entre la situation des PME et celle des grandes entreprises qui ont déjà l’obligation de mettre en oeuvre une politique visant l’égalité professionnelle. Un état des lieux a ainsi été réalisé qui permettra l’édition en juin 2009 d’un guide des bonnes pratiques à destination des PME.
Les chiffres de cette étude ne laissent pas apparaître d’inégalité femmes/hommes flagrante puisque l’on constate que 39 % des bénéficiaires des actions de formation sont des femmes alors qu’elles représentent 40 % des effectifs des entreprises consultées. Cependant, l’enquête met en relief les inégalités suivante :
Un engagement modéré des entreprises : l’étude révèle que seules 50 % des entreprises consultées se déclarent prêtes à s’engager de façon plus ou moins formelle pour l’égalité professionnelle, l’égalité ne devenant stratégique que lorsque l’entreprise est face à un enjeu de survie, de développement et de compétitivité, comme par exemple, en cas de pénurie de compétence.
Autre enseignement de l'étude : il existe peu d’indicateurs pour conduire une véritable politique d’égalité. Peu de sociétés sont en conformité avec la loi quant à la rédaction du rapport de situation comparée. Les bilans sociaux des entreprises font office de rapport de situation dans 50 % des cas et quand ce rapport existe, il n’aboutit pas nécessairement à un plan d’action.
Ensuite, alors que 85 % des entreprises disent tenir, avant tout ,compte des compétences du candidat lors d’un recrutement, on observe que les emplois sont très sexués. Ainsi dans l’échantillon de l’étude, les femmes sont sous-représentées dans les postes de cadres, de techniciens, d'agents de maîtrise, d'opérateurs ou d'ouvriers spécialisés. Pour ces postes, on compte moins de 25 % de femmes dans plus de la moitié des entreprises interrogées. Il est à noter que le transport ou l’industrie sont des secteurs fortement masculinisés tandis que ceux de la santé ou de l’éducation sont, à contrario, très féminisés. Dans les secteurs du transport et de l’industrie, les femmes sont plus souvent dans les emplois administratifs et les hommes plutôt en production.
Le genre ne semble pas être un frein à l’accès à la formation, mais les plans de formation étant définis en fonction des postes et non des genres, l’égalité d’accès à la formation est étroitement liée à celle des postes. Selon l’étude, les formations concernent prioritairement les salariés de faible expérience qui accédent à un poste nécessitant la formation à de nouvelles technologies.
Certaines entreprises reconnaissent des disparités dans l’avancement des carrières des femmes et des hommes. Selon les entreprises interrogées, ces disparités de promotion interne ou d’accès à des postes d’encadrement seraient liées aux contraintes familiales assumées par les femmes. Les femmes sembleraient moins disponibles ou s’autoriseraient des périodes de "retrait d’investissement" laissant davantage de place aux hommes dans un parcours de promotion plus linéaire. Certaines femmes feraient le choix de ralentir leur progression à certains moments pour conserver un équilibre familial et professionnel ; la frontière entre la discrimination objective de l’entreprise et celle du choix volontaire et conscient des femmes est floue. L’étude met en évidence que peu de femmes sont présentes dans les comités de direction.
Enfin, l’étude met également en évidence que les représentations restent traditionnelles en ce qui concerne le rôle des femmes dans la famille. Dans ce cadre, 16 % des femmes choisissent des temps de travail partiels contre 9 % pour les hommes. De la même façon le congé parental est davantage demandé par les femmes que par les hommes.