[Tribune] Start-up, soyez très ambitieuses dans votre R&D
Publié par Julien van der Feer le - mis à jour à
Patrick Tavaris est le dirigeant de MoveWORK, une start-up créée en 2010 et qui, aujourd'hui, est passée au stade de PME. Elle ouvre des filiales en Allemagne, en Espagne et au Portugal.
Alors que les start-up connaissent un âge d'or, innover n'est pas seulement une vertu mais un mantra. Apporter au monde une innovation détonante, "disruptive" diront même certains, avant la concurrence est essentiel pour exister et continuer à exister. Mais comment arrive-t-on au sommet de la montagne avant tous les autres quand on est "petit" ? Comment mettre en place une démarche R&D efficace et réalisable à sa mesure ?
Faire l'impasse sur la R&D est inenvisageable. Pour chaque entrepreneur, c'est la course à l'innovation qui leur évite la "vallée de la mort". Venant d'une entreprise qui consacre 24% de son chiffre d'affaires à la R&D, je sais qu'investir et investir beaucoup est primordial.
Ni un effet marketing ni une mesure cosmétique, la R&D est le moteur de l'entreprise. Elle a un net effet de ralliement, même pour les collaborateurs qui ne sont pas directement impliqués. Il est essentiel de se donner un cap et de retranscrire sa vision auprès de ses équipes surtout pour une jeune structure qui n'a pas encore ses "codes". Même un inaboutissement de la R&D peut être l'occasion de renforcer la cohésion interne tant que le projet est clair et impliquant pour tous.
On pourrait rétorquer : Pourquoi se démener alors que quoi qu'il arrive les "gros" investiront toujours plus ? En fait, on en revient toujours aux mêmes questions : qui sommes-nous ? Que pouvons-nous proposer qui n'a pas encore son équivalent ? Cette quête existentielle est bien plus forte chez les entreprises qui démarrent et ce n'est donc pas un hasard si beaucoup d'innovations fondamentales de ces trente dernières années ont vu le jour dans des start-up.
Dans leur démarche d'innovation, les grands groupes ne cherchent pas à créer un nouveau marché ou à chambouler le statu quo. Ils veulent standardiser leurs solutions pour être plus efficaces au moindre coût et gagner une position monopolistique. On peut de cette façon aboutir à une innovation bluffante mais ce sera une conséquence et non un but. Une start-up, elle, sait comment être à l'écoute du marché et cibler une niche par frappes chirurgicales.
Reste qu'un mode d'emploi pour innover n'existe pas. Une démarche R&D est stratégique et donc hautement personnelle. Le fait que l'entrepreneur mène directement sa R&D donne d'ailleurs une crédibilité supplémentaire auprès des investisseurs et c'est là un autre avantage sur les grandes structures.
En France, nous avons des structures d'accompagnement performantes comme Bpifrance et d'excellents organismes de recherche et d'enseignement mais il est plus difficile de lever massivement des fonds. Cependant, la plus grande sélectivité des dossiers est déjà, en soi, un gage de qualité de son projet ! Un projet qui doit être structuré, bien présenté, vécu avec passion et dont la singularité doit être frappante dès les premiers mots.
L'auteur
Patrick Tavaris est le dirigeant de MoveWORK, une start-up créée en 2010 et qui, aujourd'hui, est passée au stade de PME. Elle ouvre des filiales en Allemagne, en Espagne et au Portugal.