Pénurie de talents cyber : comment (bien) former les experts de demain ?
Publié par Nicolas Sabben le | Mis à jour le
Face à l'augmentation des cyberattaques et des violations de données, les entreprises et les institutions françaises sont de plus en plus préoccupées par la cybersécurité. Les experts en cybersécurité sont très recherchés mais les entreprises ont des difficultés à les recruter. Plus de 5 000 postes sont actuellement à pourvoir dans ce domaine dans l'Hexagone.
Pour lutter contre cette pénurie et répondre aux besoins réels des entreprises, il est urgent de repenser la pédagogie et de multiplier les synergies entre les acteurs clés de l'écosystème cyber. C'est l'avis de Nicolas Sabben. Il est Président du collège Emploi & Formation au sein de la Fédération Française de la Cybersécurité et directeur pédagogique de Guardia Cybersecurity School, l'école de cybersécurité basée à Paris et Lyon.
Il détaille ici les leviers à activer pour répondre aux forts besoins de recrutement et présente les mesures prises par les organismes de formation pour garantir cette employabilité. Pour lui, l'employabilité des étudiants repose sur 3 piliers : l'alternance et les stages, la pédagogie par projets et la très grande proximité avec les acteurs de l'écosystème cyber.
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La cybersécurité fait face à une pénurie de talents constante
La stratégie nationale en matière de cybersécurité présentée par Le Président de la République vise à structurer l'écosystème cyber et à le rendre plus robuste pour permettre aux acteurs nationaux de se doter de moyens renforcés et souverains en matière de cybersécurité. Un des objectifs est de doubler le nombre d'emplois dans la cybersécurité en passant de 37 000 emplois en 2021 à 75 000 en 2025.
Multiplier les stages et l'alternance pour booster l'employabilité
Dès le début de l'entretien, le directeur pédagogique de Guardia Cybersecurity School souligne la place centrale que doivent prendre les stages et l'alternance : "Dès la 3ème année de bachelor et pendant les deux années de master, les étudiants de Guardia Cybersecurity School sont en alternance. Le rythme d'alternance (3 semaines en entreprise, 1 semaine à l'école) permet à nos étudiants de suivre des projets d'envergure". L'alternance est la meilleure passerelle pour décrocher un emploi à la fin du cursus ; c'est pourquoi il est essentiel que les écoles nouent des partenariats avec les grandes entreprises du secteur de la cyber. Ces moments sont nécessaires pour permettre aux jeunes d'appréhender la multitude de métiers de la filière et de découvrir toutes les technologies.
Déployer une pédagogie qui correspond aux attentes des jeunes générations
Certes de nouvelles formations se mettent en place mais cela ne semble pas suffire. C'est toute la vision qui doit être repensée pour garantir une meilleure adéquation entre les formations et les besoins réels des entreprises. Les programmes de formation doivent être repensés pour correspondre aux nouveaux usages éducatifs des jeunes. Ces derniers souhaitent travailler sur des cas concrets, au plus proche de la réalité du quotidien des entreprises du domaine de la cybersécurité. Ils souhaitent travailler en équipe et être accompagnés par des intervenants professionnels de l'écosystème cyber. Certaines initiatives pédagogiques menées au sein de Guardia Cybersecurity School vont dans ce sens : les « bug bounty » (ou chasses aux bugs visant à détecter et corriger des bugs), les pentesting challenges (détections de vulnérabilités d'un programme informatique dans un temps record) ou encore le programme "Capture the flag" (compétition où les équipes s'affrontent sur des infrastructures réalistes).
Impliquer les entreprises dans la création et l'animation des formations
Les entreprises ont un rôle central à jouer pour s'assurer que les programmes soient en adéquation avec leurs besoins. Pour être efficaces, les programmes doivent être pensés en collaboration avec tous les acteurs du domaine de la cybersécurité. « L'ingénierie pédagogique collégiale développée par Guardia Cybersecurity School va vise à impliquer les entreprises, les institutions et les associations de l'écosystème cyber français et européen » relate Nicolas Sabben. Ceci permet d'adapter continuellement les formations, de manière agile, afin de prendre en compte les évolutions des besoins et des technologies et de former aux très nombreux métiers de la cybersécurité tels que le hacker éthique, le pentester, le cryptologue, l'ingénieur ou encore le consultant cybersécurité.
Les professionnels cyber doivent également participer à l'animation des formations tout au long de l'année. "L'ensemble des intervenants de Guardia Cybersecurity School sont des professionnels en activité dans le domaine de la cybersécurité ou des nouvelles technologies. La présence d'intervenants professionnels au quotidien sur les campus est clairement un booster d'employabilité pour les étudiants", analyse Nicolas Sabben, le directeur pédagogique de Guardia Cybersecurity School.
Créer des synergies entre les étudiants et les acteurs clés de l'écosystème cyber
Pour créer un environnement favorable à l'innovation et à l'entrepreneuriat dans le domaine de la cybersécurité, les écoles doivent aussi se rapprocher des acteurs stratégiques du domaine : associations, entreprises, services de l'État, acteurs de la recherche. "L'employabilité des futurs diplômés ne sera assurée que si tous les acteurs de l'écosystème s'unissent pour faire évoluer la formation au plus proche des attentes du marché", souligne Nicolas Sabben. C'est pourquoi Guardia Cybersecurity School s'est affilié à la Fédération Française de la Cybersécurité et a rejoint le Campus Cyber, lieu totem de la cybersécurité.
En rejoignant le collège Emploi - Formation de la Fédération Française de Cybersécurité, les étudiants de l'école bénéficient d'échanges privilégiés avec des professionnels expérimentés et assistent aux conférences animées par les adhérents. "Les étudiants contribuent notamment aux groupes de travail pilotés par des parlementaires, à l'instar de celui mené par le député Philippe Latombe relatif à la mise en place d'une contribution financière pour les entreprises étrangères quant à l'exploitation des données d'entreprises françaises", s'enthousiasme Nicolas Sabben.