Le fournisseur d'énergie verte ekWateur lève 30 M€ pour renforcer sa place de numéro 5 français
Publié par Stéphanie Gallo le | Mis à jour le
Dans un contexte très tendu pour les fournisseurs d'énergie alternatifs, EkWateur réussit l'exploit de lever 30 millions d'euros auprès d'un fonds d'investissement singapourien.
Un peu plus d'un an après avoir annoncé le report de son projet d'introduction en Bourse en raison de « conditions de marché non favorables », c'est finalement par une autre voie que le fournisseur d'énergie alternatif est allé se financer.
EkWateur vient ainsi de lever 30 millions d'euros, en série B, auprès de la société Ansonia Holdings Singapore BV (groupe Quantum Pacific). Une performance à souligner alors même que de nombreux autres fournisseurs d'énergie européens et français ont dû mettre la clé sous la porte ces derniers mois, acculés par des contrats de vente trop bas dans un contexte d'explosion des tarifs de l'énergie. « Nous avions rencontré les investisseurs à l'occasion du roadshow pour notre projet d'IPO. Ils nous avaient alors indiqué que si nous n'allions pas au bout de l'opération, ils étaient intéressés. L'IPO ne s'est pas faite, et malgré les difficultés du marché, nous avons tenu bon. Ansonia a donc validé son engagement », sourit Julien Tchernia, président d'ekWateur.
C'est lui qui, en 2015, avait cofondé l'entreprise avec Jonathan Martelli. Les deux entrepreneurs arrivaient alors tout droit de chez Lampiris France, fournisseur d'énergie belge souhaitant se développer dans l'Hexagone.
Fournisseur des ministères
Sept ans après sa création, ekWateur affiche un chiffre d'affaires de 240 millions d'euros (2021) et une centaine de salariés. Certifiée B Corp et labellisée TechForGood, la PME propose une énergie 100% verte à ses clients. Parmi ces derniers SFR, Michel et Augustin ou encore, depuis 2020, tous les ministères français.
« Nous avons été les premiers à proposer une offre 100% biométhane, les premiers à avoir construit une offre de rachat pour les propriétaires de panneaux solaires etc. Notre objectif est d'aller toujours plus loin, proposer de nouvelles solutions innovantes pour accélérer la transition énergétique », poursuit Julien Tchernia.
Sa stratégie : s'appuyer sur l'achat d'énergies vertes sur le marché mondial ainsi que sur un (modeste) portefeuille d'une quarantaine de petits producteurs. « Nous avons actuellement 215 000 compteurs clients. C'est moins qu'en septembre 2021 où nous en avions 310 000, nous connaissons une décroissance du fait du marché mais nous n'avons jamais vendu à perte. Les nouveaux contrats que nous signons sont sécurisés en amont et nous ne positionnons pas sur du low cost. D'ailleurs, nous allons nous rapprocher de l'équilibre cette année ».
L'entrepreneur enfonce le clou : « les conditions sont actuellement difficiles sur notre secteur d'activité mais nous avons prouvé que nous avons trouvé une recette intéressante. Nous avons créé une entreprise à mission qui fonctionne. Nous avons fait économiser des centaines de milliers de tonnes de CO2 ».
Conforter sa place de numéro 5
Grâce à cette levée de fonds de 30 millions d'euros, - qui viennent s'ajouter aux 14 millions déjà levés depuis sa création, - EkWateur entend conforter sa place de numéro 5 français derrière Engie, Total, ENI et EDF. « Nous ne pourrons pas grimper à la quatrième place dans l'immédiat car la marche qui nous sépare du 4e est bien trop haute. En revanche, nous souhaitons mettre de la distance avec nos concurrents le plus proches ».
Ces fonds permettront notamment à l'entreprise de mener à bien ses projets de croissance externe. Des dossiers sont en cours d'évaluation. La PME s'était d'ailleurs positionnée récemment sur la reprise de son concurrent Planète Oui à la barre du Tribunal de commerce mais l'offre de Mint Energie lui a finalement été préférée.
EkWateur compte également utiliser ces fonds dans le développement de nouveaux services digitaux et de nouvelles offres (mobilité, isolation etc). Des campagnes de communication plus importantes pourront également être lancées pour mieux se faire connaitre du grand public. « L'année dernière, notre budget com' était de seulement 700.000 euros l'année alors que nos concurrents dépensent des millions... ».