Interview avec Benjamin Fourmon - président de la maison de champagne Joseph Perrier
Publié par Joseph Perrier le | Mis à jour le
Zoom sur le président de la maison de champagne Joseph Perrier qui a succédé à son père en 2019.
Vous dirigez depuis quelques années une entreprise, dites-nous en plus sur votre cursus professionnel ?
A 36 ans, je suis devenu président de la maison Joseph Perrier à la suite de mon père Jean-Claude, qui avait lui-même succédé à son oncle. Mon parcours est totalement différent d'un vigneron : j'ai d'abord étudié en école de commerce puis je suis entré chez Accenture, un cabinet de conseil américain.
Par la suite, je me suis formé à Avize pour préparer mon brevet professionnel de responsable d'exploitation agricole et viticole à distance, ce dernier étant essentiel pour être gérant d'une société civile d'exploitation viticole. Cela m'a passionné, et après quatre ans chez Accenture, j'ai souhaité rejoindre la Maison familiale. Je suis donc allé devant le conseil d'administration de la maison pour envisager mon intégration et obtenir un programme d'« onboarding » sur six ans afin de bien connaitre la Maison avant de la diriger à 100%
Joseph Perrier, c'est quoi? Quelle est la spécialité ?
Je dirais qu'on peut parler de la Cuvée Royale Brut qui reflète le style de la maison Joseph Perrier. Ce dernier est un champagne frais, agréable et fin, avec une belle minéralité accompagnée d'une acidité tout aussi agréable. La note finale citronnée relève encore la fraîcheur de ce champagne qui peut se boire à n'importe quel moment de la journée.
On retrouve dans cette cuvée les caractéristiques des trois cépages propres à la Champagne : la minéralité du chardonnay, la puissance du pinot noir, le fruit du meunier.
Nous conservons la tradition des 48 mois de vieillissement en cave pour la Cuvée Royale brut. Ils apportent une touche fruitée, une rondeur délicate que nous aimons retrouver dans nos vins. Le dosage flirte avec l'extra-brut avec une teneur en sucre comprise entre cinq et six grammes par litre de vin.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la gestion quotidienne de votre entreprise ?
Elles sont multiples, notamment la gestion du risque au quotidien.
Il faut aussi savoir mettre de l'huile dans les rouages, avec de la gestion humaine et du management, il faut savoir créer le lien et donner envie de s'engager et de se surpasser.
Et évidemment, savoir s'entourer des meilleurs collaborateurs.
Qu'est-ce qui vous distingue d'une start-up ?
Au premier abord, la grosse différence est que nous avons 200 ans, ce qui est énorme par rapport aux start-ups.
De plus, je pense que les starts up proposent avant tout des services, et beaucoup moins de l'artisanat : il y a souvent beaucoup de cadres, d'ingénieurs, et peu de collaborateurs, notamment à la production.
C'est drôle parce que je pense qu'on peut quand même s'en inspirer en étant très réactif, mais on ne peut pas tout révolutionner.
Est-ce que la crise a eu d'impact sur votre activité ?
Alors cette crise a eu un double impact.
Elle a eu un impact négatif, la période était très dure pour tous. Surtout, nos principaux clients sont des cavistes et des restaurants, des restaurants qui sont restés fermés pendant de longs mois. L'impact est aussi psychologique sur nos clients, qui sont souvent des amis, et les équipes.
Cependant, l'autre tenant est le fait que le champagne est redevenu très en vogue, avant il était souvent considéré comme une boisson de mariage, d'occasions spéciales, il est redevenu une boisson qu'on peut consommer partout, tout le temps.
Diriez-vous aujourd'hui que Joseph perrier est une réussite ?
Oui, bien entendu, dans le sens où il s'agit d'un métier de passion et que la Maison poursuit son développement et ses ventes.
Quels conseils pourriez-vous donner aux entrepreneurs qui aimeraient se lancer ?
Pour tous les entrepreneurs qui souhaitent se lancer, je dirais être persévérant et oser.
Pour moi, ce sont les clés pour réussir.
Qu'attendre de Joseph Perrier en 2023 ?
Alors, la Maison ses 200 ans en 2025, donc 2023 et 2024 seront des années de transition.
L'objectif principal est d'être un « passeur de temps », d'assurer la continuité d'une maison riche de 200 ans d'histoire, de culture et de viticulture. Je ne travaille pas pour moi, mais pour les générations futures.
Je me dois de relever le plus gros challenge auquel les producteurs de vin font face aujourd'hui, produire l'excellence en étant irréprochable dans la gestion du vignoble. Les défis sont nombreux, le durable est au coeur des préoccupations, il faut penser économie circulaire, écologie, pour répondre aux attentes des consommateurs.
Pour finir, pourriez-vous nous dire une anecdote sur vous ?
Et bien, si je n'avais pas assisté aux 90 ans de ma grand-mère, je ne serais peut-être pas là aujourd'hui.
En effet, c'est à l'occasion de son anniversaire que mon parcours croise celui de ma famille. À cette époque, je goûtais les champagnes de la Maison sans rien savoir de leur élaboration. Ma grand-mère m'a alors dit : « Benjamin, je sais que tu aimes boire du Joseph Perrier, ce ne serait pas idiot de savoir comment on le fait ».