[Interview] Philippe Thomas (Veternity) : "Les investisseurs ont des liquidités"
Publié par Julien Ruffet le | Mis à jour le
Spécialiste des pompes funèbres animales, Veternity s'apprête à lever 100 millions d'euros à l'horizon 2021. 26 ans après sa création, Philippe Thomas, président de Veternity, présente l'ambition internationale de l'entreprise.
Qu'est-ce que Veternity ?
Philippe Thomas : C'est une entreprise française actant dans le secteur des pompes funèbres animales. Elle est fondée il y a 26 ans, en 1995, par 200 vétérinaires du nord de la France (ndlr, Philippe Thomas en fait partie et devient p-dg du groupe en 2011). Développée pendant 20 ans en France, elle commence son expansion internationale il y a 6 ans. Veternity compte aujourd'hui une quinzaine de crématoriums en France, 7 en Allemagne, 3 en Belgique, 2 en Pologne et 1 en Tchéquie. Son positionnement : un service éthique afin de garantir aux propriétaires que les corps de leurs animaux sont traités avec respect. Malheureusement, un chien qui décède dans un autre pays d'Europe ne va pas forcément avoir accès au même traitement qu'en France. Il y a des disparités en matière de tarifs et de pratiques. À long terme nous visons une place leader mondial des pompes funèbres animales. Et nous défendons dès aujourd'hui un statut de pionnier sur l'accompagnement du deuil, et des process après le décès animal. En effet, depuis sa création, l'entreprise réalise une croissance continue de 15% par an en volume et chiffre d'affaires.
En 2020 la France sombre dans la crise de la Covid-19. Vous a-t-elle impactés ?
D'abord, cette crise a impacté l'accueil des familles en deuil dans nos centres. En revanche, nous avons eu un impact modéré sur nos partenariats avec les vétérinaires, car la collecte des corps n'a pas perdu en amplitude. Nous faisons donc partie des sociétés qui ont bien traversé la crise, notre croissance va même passer au-delà des 15%.
Ce constat s'explique par le climat qui a naturellement conduit les foyers à se recentrer sur le cocon familial, y compris les animaux de compagnie. Et lorsque l'animal devient un membre de la famille, lors de son départ, le propriétaire souhaite ritualiser le deuil avec un service permettant un dernier adieu digne de l'affection qu'il lui a portée.
Vous annoncez une levée de fonds de 100 millions d'euros au printemps 2021. Comment fait-on pour trouver des financements durant une crise ?
Nous avons, en 2019, rassemblé des investisseurs autour de notre projet international. Cette levée de 12 millions d'euros nous a permis d'accélérer notre déploiement en Belgique, Pologne et Allemagne. Cela a aussi été les prémices de notre implantation aux États-Unis, qui représentent le plus gros marché au monde.
Dernièrement, les investisseurs ont des liquidités, il faut donc leur proposer des projets créateurs de valeurs avec des équipes fiables. C'est toujours le projet et les hommes dans le projet qui sont déterminants.
Comment s'est passée l'approche avec les investisseurs ?
Tout s'est décidé au mois de juin, en pleine crise sanitaire. La période nous donnait des opportunités de croissance externe, alors Veternity s'est engagé dans l'aventure. Le cabinet Mazars corporate finance a accompagné l'entreprise dès le début, sachant que le secteur de l'animalier est très attractif depuis quelques années.
Pour se lancer massivement aux États-Unis, nous avons besoin de plus de moyens, c'est également ce potentiel qui a convaincu les investisseurs pour ce second tour de table qui devrait intervenir en 2021. Notre expertise a fait ses preuves et notre équipe est formée et ambitieuse... Des éléments qui jouent en notre faveur.
Et l'investissement de ses fonds ?
Veternity va s'orienter sur l'acquisition de réseaux et sites plus importants, notamment outre-Atlantique. Ce sont souvent des crématoriums artisanaux que nous rachetons. En Amérique du Nord, les sites sont plus conséquents avec une dizaine voire une vingtaine de crématoriums rassemblés au même endroit. C'est ce genre de sites que nous visons. Nous avons à présent des cibles dans près de 10 pays, et ces fonds sont, dès lors, essentiels pour parvenir à ces rachats internationaux.
Repères
SAS Veternity
Villeneuve-d'Ascq (Nord)
Philippe Thomas, président, 52 ans
Création en 1995, 500 salariés
CA 2020 : 48 M€