Episode 1 : Le grand déballage du Père Noël chez Sigmund Freud !
Publié par Guillermo Di Bisotto le | Mis à jour le
Scène : Le bureau de Sigmund Freud, avec un décor chaleureux. Freud ajuste ses lunettes tandis que le Père Noël, habillé en rouge traditionnel mais avec une barbe légèrement en désordre et des cernes visibles, est allongé sur le divan. Freud, avec son habituelle gravité est assis dans un fauteuil, prêt à écouter. Il prend des notes dans son calepin.
Freud : « Monsieur Noël, vous semblez particulièrement fatigué aujourd'hui. Que se passe-t-il ? vous semblez avoir le poids du monde sur vos épaules. Comment décririez-vous votre état d'esprit en ce moment ? »
Père Noël (soupirant profondément) : « Ah, mon cher Sigmund, je peux vous appeler Sigmund, n'est-ce pas ? C'est que je vous connais depuis un sacré bout de temps ! »
Freud : « Je préfère que vous m'appeliez Docteur si vous n'y voyez pas d'objection. Je tiens à la relation asymétrique qui sert la thérapie. »
Père Noël : « Docteur ? Bon après tout, vous êtes neurologue aussi donc... ok, va pour Docteur. Bon Docteur Freud, c'est le travail. Vous n'avez plus cinq ans ! Bref, par quoi commencer ? Ah si, tiens, les lutins et la livraison de cadeaux... c'est devenu très compliqué de nos jours »
Freud : « Vous sentez-vous surmené ? »
Père Noël : « Surmené ? Vous n'imaginez même pas! Avant, je distribuais des jouets en bois, des poupées de chiffon, des petits trains... Les enfants étaient ravis ! Maintenant, ils veulent tous des smartphones pour se shooter à Tik Tok ! »
Freud : « On peut se shooter à Tik Tok ? »
Père Noël : « Calmez-vous Sigmund, c'est une application et cela ne se trouve pas en poudre ! Oups, désolé Docteur, c'est mon côté paternaliste qui revient à la charge ! »
Freud (manifestant une certaine appétence pour ce qui vient d'être dit) : « Dites-moi... »
Père Noël : « Non Sigmund ! J'ai lu le petit livre noir de la psychanalyse, et j'ai vu que vous n'avez pas toujours été très sage ! Et on le sait tous les deux hein ? Ce n'était pas du Régilait ! Bon, reprenons, je sais recadrer aussi et aujourd'hui, c'est moi votre patient ! »
Freud : « Vous avez raison, je m'égare ! Reprenons M. Noël »
Père Noël : « Merci ! Bon reprenons, c'est comme si la magie de Noël avait été remplacée par des écrans OLED. Je me demande parfois si je fais vraiment une différence. »
Freud : « Intéressant. Vous sentez-vous remplacé par la technologie? Comme si votre rôle n'avait plus de valeur ? »
Père Noël : « Il y a un peu de ça en effet ! Mais pas seulement... Je crains un peu la concurrence. Jeff Bezos a des drones qui pourrait livrer plus vite que mon traîneau car tout est automatisé. Et ne parlons même pas d'Elon Musk et de ses fusées. Qui sait, peut-être qu'il prévoit de livrer des cadeaux depuis Mars ! Et Alibaba, ils livrent partout, même à l'atelier du Père Noël ! C'est toute la supply chain qui est impactée ! »
Freud : « Vous vous sentez encore en concurrence directe avec ces nouvelles technologies et entreprises modernes. Que ressentez-vous face à cette compétition ? Vous avez peur d'Elon Musk ? »
Père Noël : « Pas seulement d'Elon, mais aussi de ses enfants ! Rendez-vous compte ! X Æ A-XII, Exa Dark Siderael et Techno Mechanicus. Ce ne sont pas des prénoms d'enfants ! Au service étiquetage, ils sont fous ! Un mouvement social est né dans ce service d'ailleurs ! Et moi, je dois tout gérer et je suis coincé avec un traîneau et des rennes qui ne veulent pas en foutre une et qui veulent des régimes végétaliens maintenant. »
Freud (haussant un sourcil) : « Les rennes sont devenus végétaliens ? Qu'est-ce que c'est que cette connerie ? »
Père Noël : « Pas une connerie Docteur ! Une réalité : Blitzen a lu un article sur les bienfaits des légumes pour l'endurance. Il a lu tout un rapport du GIEC et l'empreinte carbone... enfin permettez-moi, elle est franchement dégueulasse ! Du coup, hop, Blitzen a changé son alimentation et ses copains ont suivi ! Du coup, maintenant, tout le monde veut du quinoa et des brocolis. Mais ce n'est pas le pire, vraiment. C'est ce sentiment constant de courir après quelque chose d'inatteignable. Un peu comme essayer de gagner une course de traîneaux contre une fusée SpaceX ! Vous savez, l'autre jour, un lutin m'a demandé pourquoi on ne pouvait pas moderniser notre système avec des livraisons par drone. J'ai failli faire une fausse route avec mon chocolat chaud ! Oh oh oh ça ne m'était jamais arrivé encore ! Mais qu'est-ce que j'en ai marre de rire toujours de la même manière moi ! »
Freud : « Revenons un peu sur cette peur de la concurrence. Cela semble être une peur de perdre votre positionnement unique. Pensez-vous que ces entreprises menacent votre existence ? J'ai l'impression que vous me parlez « parts de marché ! C'est très étrange je vous avoue, comme si vous étiez devenu un peu capitaliste ! »
Père Noël : « Je ne vois vraiment pas où vous voyez du capitalisme Docteur ! Je vous rappelle que je fais tout ça gratuitement, Sigmund ! Pardon Docteur Freud, Vous imaginez ? Un modèle d'affaires basé sur l'amour et la générosité... pas très viable, hein ? »
Freud : « Cela ressemble à un cas classique de « syndrome de l'entrepreneur ». Vous travaillez dur, souvent sans récompense tangible, et vous vous demandez si tout cela en vaut vraiment.»
Parlez-moi de votre modèle économique
Père Noël : « Nous n'avons pas de modèle économique viable. Tout est gratuit ! Je veux dire, qui d'autre livre des millions de cadeaux sans rien demander en retour ? C'est insensé. Peut-être devrais-je commencer à facturer les frais de livraison, ou au moins instaurer un système de pourboires. Mais là encore, l'esprit de Noël en prendrait un coup. »
Freud : « Il s'agit d'un dilemme éthique et stratégique. Vous êtes confronté à la nécessité de moderniser et de sécuriser vos opérations tout en préservant l'intégrité de votre mission. Peut-être est-il temps d'envisager des solutions créatives qui respectent vos valeurs tout en permettant une viabilité économique. Comme trouver une sorte de compensation ? »
Père Noël : « Une compensation ? Mais ça va à l'encontre de tout ce que je suis censé représenter ! La générosité, le don de soi... Si je commence à facturer les cadeaux, que deviendrait la magie de Noël ? »
Freud : « Ce n'est pas nécessairement une question de facturer, mais de trouver un équilibre. Vous pouvez toujours être généreux, mais vous devez aussi prendre soin de vous. Pensez à ce que cela ferait de vous un meilleur Père Noël, plus présent, plus énergique. »
Père Noël : « Peut-être... Mais c'est difficile de trouver le bon équilibre. Les lutins veulent plus de reconnaissance, les enfants veulent des cadeaux high-tech, et moi, je veux juste un peu de paix et un chocolat chaud. Parfois, je me demande si tout cela en vaut la peine. »
Freud : « Il est normal de ressentir cela, surtout après tant d'années de service dévoué. Peut-être est-il temps de réévaluer vos priorités, de trouver des moyens de prendre soin de vous tout en continuant à faire le bien. La solution pourrait être de trouver un moyen de collaborer avec d'autres figures influentes du monde moderne, tout en restant fidèle à l'essence de Noël. »
Père Noël : « Vous voulez dire, comme un partenariat avec Jeff Bezos ou Elon Musk ? Cela pourrait être intéressant... Imaginons un Noël livré par Amazon, avec un hologramme de moi pour les selfies ! Mais alors, où est la magie ? Où est l'esprit ? »
Freud : « La magie de Noël réside avant tout dans le partage et la générosité. Même dans un monde en évolution, ces valeurs restent intemporelles. Il s'agit de trouver des moyens de les exprimer de manière pertinente pour les temps modernes. Peut-être qu'un peu de modernisation pourrait effectivement alléger votre charge et vous permettre de vous concentrer sur ce qui compte vraiment. »
Père Noël : « C'est une pensée réconfortante. Peut-être devrais-je commencer à déléguer davantage, à faire confiance à mes lutins, même s'ils pensent que je suis le grand méchant loup. Et qui sait, peut-être qu'avec un peu de chance, je pourrais obtenir ces tickets-restaurants. Un bon repas chaud de temps en temps, ce ne serait pas de refus. »
Freud (riant) : « Arrêtez de vous comporter comme un clochard ! Nom de Dieu ! Un bon repas chaud de temps en temps, vous êtes sérieux ? Prenez soin de vous, Monsieur Noël et emmenez madame Noël avec vous à Punta Cana en république Dominicaine ! Elle en dit quoi votre dame ? Et n'oubliez pas, une fois que vous aurez pris un peu de recul, vous verrez peut-être de nouvelles opportunités se présenter, des moyens de réinventer Noël tout en conservant sa magie. Pour la prochaine séance, j'aimerais que vous réfléchissiez à la relation que vous entretenez avec les lutins. Il me semble que cela peut être un levier intéressant que de vous décentrer de vos actions pour les considérer dans un ensemble. »
Père Noël : Merci Docteur, je sens que je vais déjà un peu mieux. Elle était bien cette séance. Est-ce que je demande à vous faire envoyer un euphorisant pour la prochaine séance ?
Freud : Vous savez Nicholas, on ne peut accorder de la valeur à ce que nous payons cash ! Lorsque vous mégotez sur vos tarifs, voire que vous acceptez de travailler gratuitement, c'est toute votre valeur personnelle qui en est impactée. En faisant cela vous entretenez votre syndrome de l'imposteur qui prend probablement ses sources dans la relation que vous avez développée avec votre mère et nous en parlerons certainement ! En outre, il convient de comprendre que cette séance aura un bien meilleur rendement si vous lui attribuez la valeur associée à mon tarif.
Père Noël : Qui est de ?
Freud : Nicholas, à combien estimez-vous une séance avec le créateur de la psychanalyse ? Nous nous voyons le mois prochain, disons le dernier mercredi du mois et d'ici là, voici mon IBAN. Prenez soin de vous Père Noël, des millions d'enfants comptent sur vous, ce n'est pas le moment de lâcher !
Hello je m'appelle Guillermo Di Bisotto et je suis l'auteur Eyrolles Business de "C'est où qu'on signe ? L'art de traiter les objections" (http://tinyurl.com/s93ufjx5) et de "Questions pour un champion de LA vente" (https://c3po.link/QJyHhbRRZa) | Mon dernier livre a remporté le prix du coup de coeur de l'IDRAC Business School et c'est un honneur que ce livre ait été plébiscité par ses étudiants. J'espère donc de tout coeur, en ayant écrit cet article, vous avoir donné envie de vous le procurer 😊(et surtout de le lire à votre tour)
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