Entrepreneuriat : être une femme n'est plus un sujet
Publié par Amélie Moynot le - mis à jour à
Les entrepreneuses cherchent d'abord la rentabilité de leur activité, selon une étude CapGemini Consulting/French Tech dévoilée lors de la Journée de la femme digitale, mardi 17 avril 2018. Focus sur un univers où l'évolution des mentalités et des pratiques ne se fait pas forcément au même rythme.
Être une femme et diriger une entreprise, qu'est-ce que ça change ? Ou plutôt, est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Pas sûr. C'est du moins ce que dessine une étude1 de CapGemini Consulting et la French Tech sur les entrepreneuses et intrapreneuses, dévoilée à l'occasion de la Journée de la femme digitale, mardi 17 avril 2018.
Selon près de quatre femmes interrogées sur cinq, être un homme ou une femme pour entreprendre, ou créer son entreprise n'est "plus un sujet". Même si, aux yeux des autres, les préjugés ont la vie dure et qu'elles s'en jugent victimes. "C'est assez surprenant. On se s'y attendait pas", commente sur la scène de la Journée de la femme digitale, Marie Gallas-Amblard, directrice de la communication chez La French Tech.
L'étude met aussi au jour d'autres sujets jugés "plus clivants", comme la formation. Ainsi, plus de quatre entrepreneuses sur cinq (82 %) n'ont pas suivi de formation dédiée. En revanche, elles sont plusieurs à avoir fait le choix de s'associer, pour bénéficier de compétences complémentaires utiles pour diriger et dynamiser leur entreprise. "C'est le syndrome de la bonne élève", estime lors de l'événement Karine Augoyat, de CapGemini Consulting.
Côté financement, 67 % des femmes affirment privilégier d'autres modes de financement que la levée de fonds. Elles sont, notamment, trois sur quatre à miser sur un apport personnel.
Leur but ? Moins de crever les plafonds en termes de montant levés que d'assurer la rentabilité et la pérennité de leur entreprise. Par ailleurs, près de la moitié se sont fait coacher pour préparer leur dossier de financement."Les femmes se mettent une pression, se savent attendues. Elles se préparent peut-être davantage", explique Marie Gallas-Amblard.
A cela s'ajoute que celles qui choisissent de lever des fonds réunissent, en moyenne, des sommes moins élevées. "Soit parce que les investisseurs sont des hommes... Soit, plutôt, en raison d'une tendance à s'autocensurer, à ne pas demander assez, analyse l'experte. Il y a un sujet à travailler."
L'étude porte, enfin, sur le volet management. Moins une question de genre que de personnalité, fait ressortir l'enquête. Quatre femmes managers sur cinq n'ont, ainsi, aucune difficulté à recruter des hommes.
Reste que leur management se distingue, selon elles, par "un "savoir-être qui leur est propre", caractérisé par la responsabilisation des collaborateurs (dans 81 % des cas), l'empathie, la collaboration, l'accompagnement pour faire progresser (78 %), la souplesse horaire pour tenir compte des contraintes personnelles (67 %). "Un management proche des attentes des digital natives", relate Karine Augoyat.
1. Méthodologie : étude "Elles changent le monde" réalisée par CapGemini Consulting et La French Tech du 19 février au 21 mars 2018 et présentée à la Journée de la femme digitale le 17 avril 2018. CapGemini Consulting a eu en charge la partie quantitative de l'étude, administrée en ligne auprès de plus de 1100 femmes et en complément, La French Tech a mené une série d'entretiens qualitatifs (de visu ou par téléphone) auprès de quinze entrepreneures et intrapreneures de l'écosystème digital.