Covid-19 : les néo-entrepreneurs appellent à l'aide
Publié par Julien Ruffet le | Mis à jour le
Parmi les aides du gouvernement pour les entreprises, aucune ne concerne les sociétés ne pouvant justifier d'une perte de chiffre d'affaires (CA). À la mi-avril, des néo-entrepreneurs du Grand Est ont créé le collectif Entrepreneurs en sursis afin d'interpeller l'exécutif.
L'initiative de la lettre ouverte est née à Reims. Voyant que le gouvernement ne développait aucune mesure à destination des entreprises qui devaient ouvrir pendant le confinement, Elise Faltot et son associé, Louis Albessard, décident de démarcher des entrepreneurs dans la même situation. "Avec Denis Reclus, fondateur d'Un monde en briques (ndlr : ateliers ludo-éducatifs avec des Lego), nous avons rassemblé les premiers entrepreneurs sur un groupe Messenger. On s'est ensuite demandé comment fédérer d'autres personnes et faire évoluer la situation," explique Elise Faltot.
Chaque mois sans activité représente une perte
Elise Faltot et Louis Albessard sont fondateurs des Petits Rémois, un café épicerie en circuit court qui devait ouvrir début avril à Reims. Face à la crise sanitaire, l'ouverture est reportée. Sans visibilité, ils estiment que chaque mois sans activité représente une perte de 14000 euros, en plus de leur prêt. Louis Albessard développe : "Même si nous ne pouvons pas justifier d'un CA, nous avons les mêmes charges que les autres entrepreneurs. Nous avons sorti de l'argent pour créer la société, avancer les travaux et payer les loyers."
En créant le collectif d'Entrepreneurs en sursis, ils demandent que les jeunes entreprises, qui font également partie du dynamisme des territoires, soient reconnues au même titre que les autres. Elise Faltot complète : "Nous avons besoin d'être pris en compte dans le cadre des aides existantes telles que le Fonds de solidarité, le secours d'urgence ou encore l'aide exceptionnelle de l'Urssaf." Le mouvement s'est déjà développé dans les régions environnantes, comme l'Alsace, la Lorraine, ou les Ardennes, pour ensuite s'étendre partout en France.
"Ne nous oubliez pas, aidez-nous"
Le 27 avril, Julien Gilbert et Benoît Petit devaient ouvrir Les Matoulonnais, un club de vacances pour chats sudistes. Ils remarquent l'initiative du collectif Entrepreneurs en sursis sur le web, dans un article de la presse locale du Grand Est. Dès le premier contact, Julien Gilbert constate que "c'est l'une des meilleures manières pour nationaliser le mouvement et peser plus lourds, notammant pour aller chercher des aides." Pour eux comme pour beaucoup d'entrepreneurs, les travaux ne sont pas terminés. En effet, le confinement a engendré un retard sur la livraison des marchandises, imposant un report des ouvertures.
Dans leur projet, Julien Gilbert et Benoît Petit ont investi la plupart de leurs fonds personnels, ils annoncent : "nous avons conscience que ceci ne peut pas durer". En quête de reconnaissance, ils demandent de ne pas être oubliés, car la situation ne peut être affrontée seule.
Besoin d'éclairage
À Paris, Hugo et Lucas Rétif prévoyaient fin avril, le lancement de leur projet regroupant une salle de sport, un café et une boutique. Le tout, autour du vélo. Face à la pandémie reportant leur ouverture, les deux entrepreneurs découvrent, en faisant de la veille, une vidéo retraçant l'initiative de la lettre ouverte. Très peu relayée en région parisienne, ils décident de se joindre à la communauté d'entrepreneurs en sursis.
Pour eux, le lancement d'activité est maintenu, même si les charges continuent de creuser leurs frais. Lucas Rétif, co-fondateur de Storm, développe : "Étant donné que le gouvernement n'a pas fait d'annonce concernant les salles de sport, nous envisageons de commencer à ouvrir l'activité boutique lorsque les travaux seront terminés. Nous pensons également faire des cafés à emporter, mais tout dépend de ce que l'on pourra mettre en place. En revanche, lancer une activité sur les trois ne nous permettra pas de payer la totalité du loyer."
Au-delà de reconnaissance et d'un geste (contenu de leur situation), ils demandent au gouvernement de réaliser un appel aux bailleurs particuliers et institutionnels, afin que les loyers soient réduits durant une période donnée. "Nous rencontrons également un problème au niveau de notre communication. En effet, nous ne savons pas lorsque nous pourrons la lancer. C'est un pôle essentiel de notre projet, nous avons donc besoin d'être éclairés sur les mesures adoptées pour les salles de sports. L'idéale serait du sur-mesure, même si nous n'en demandons pas autant," annonce Lucas Rétif.
Depuis sa création, l'initiative a constitué une véritable communauté d'entrepreneurs. Elise Faltot conclut de façon optimiste : "Nous échangeons beaucoup avec le collectif, pour apprendre à se connaitre, mais également pour se sentir entourés. Bien que nos secteurs d'activité soient très différents, nous essayons déjà de réfléchir à des partenariats."