Le moral des dirigeants en hausse
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Le moral des chefs d’entreprise affiche en septembre 2017 des niveaux records, même si certaines inquiétudes demeurent. L’automobile et le bâtiment en particulier sortent la tête de l’eau… Dans de nombreux secteurs, en dépit d’une embellie que d’aucuns jugent fragile, l’optimisme est de rigueur.
En septembre 2017, la confiance des dirigeants d’entreprises atteint des niveaux records, selon l’Observatoire des PME-ETI de la Banque Palatine, OpinionWay et Challenges. La proportion de patrons se déclarant confiants pour l’activité de leur entreprise est ainsi de 89 %. Un niveau historique, en hausse de dix points en un an. Les dirigeants sont également 84 % à se déclarer confiants pour l’économie française, soit 44 points de mieux qu’en septembre 2016. A 48 %, la part des dirigeants prévoyant une croissance de leur activité progresse également de huit points par rapport à septembre 2016. Seuls 13 % envisagent une baisse. Un optimisme qui se traduit dans les investissements, dont l’indice se stabilise à un niveau record. 26 % des patrons prévoient également d’embaucher cette année, contre seulement 5 % anticipant des réductions d’effectifs. Le solde d’emploi s’établit donc a` 21 %, le niveau le plus élevé enregistré depuis 2011, après une progression de 14 points en un an. En cette fin 2017, l’Insee mesure également un climat des affaires en France « supérieur à la normale dans tous les secteurs » et « très proche du plus haut d’après-crise atteint au printemps 2011 ».
Après des années de marasme, l’automobile et le bâtiment, en particulier, reprennent des couleurs, même si certaines inquiétudes demeurent. Les carnets de commande sont également bien remplis dans l’aéronautique et dans la construction navale. Les secteurs d’avenir, comme la gestion des déchets ou les éco-industries profitent également de la reprise. Mais les secteurs industriels traditionnels fortement exposés à la concurrence internationale, comme l’industrie du cuir et de la chaussure, de l’habillement, du textile ou du meuble, restent structurellement en baisse. D’autres secteurs, comme l’alimentaire, apparaissent également fragilisés.
Pour le secteur automobile, la sortie du tunnel semble se confirmer. Selon les chiffres publiés en juillet 2017 par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA), la production de véhicules en France devrait atteindre cette année son plus haut niveau depuis six ans, à 2,15 millions d'unités, en hausse de près de 3% par rapport à 2016. « C’est une vraie tendance de fond », estime Christian Peugeot, président du CCFA. « Un certain nombre de produits des partenaires étrangers de nos constructeurs vont être fabriqués en France. Nous avons probablement encore une capacité de progresser ». Renault produit ainsi à Flins la nouvelle Micra de son allié Nissan, tandis que PSA va assembler à Sochaux le Grandland X d’Opel. Le marché français de l’automobile évolue également à la hausse. Les immatriculations de voitures neuves dans l’Hexagone devraient augmenter de 3% à 4% en 2017, après une progression de 5 % en 2016 et de près de 7 % en 2015, retrouvant ainsi progressivement leur niveau d’avant-crise.
Mais cette embellie survient après une longue période critique et douloureuse. La hausse de la production automobile en France, amorcée à partir de 2014, fait suite à quinze années de recul. Quinze ans durant lesquels la production a été quasiment divisée par deux dans l’Hexagone. La France fabriquait encore trois millions de véhicules en 2007, dont 2,55 millions de voitures. Mais la crise de 2008-2009 a provoqué une chute de la production et accéléré la restructuration de l’outil industriel des constructeurs français, avec un certain nombre de nouvelles délocalisations à la clé, en particulier pour l’assemblage des petites voitures.
Le moral revient également progressivement dans le secteur du bâtiment, où la reprise se confirme. « 2017 devrait être une année de reprise des volumes globaux », déclarait Xavier Huillard, PDG de Vinci, en janvier 2017. L’activité pourrait ainsi progresser de 4% sur l’ensemble de l’année 2017 selon la Fédération française du bâtiment (FFB). Dans le neuf, les mises en chantier de logements ont progressé de près de 9 % sur les sept premiers mois de l’année. Les permis de construire sont également en hausse et les ventes de maisons individuelles « s’avèrent toujours bien orientées, même si l’on note un tassement de tendance récent », précise la FFB. Même le segment de la rénovation, longtemps resté à la traîne, est désormais en progression. L’emploi affiche une hausse de plus de 21 000 postes (+ 1,8 %) au premier semestre 2017. La prévision de la FFB de 10 000 postes en plus sur l’ensemble de l’année devrait donc être dépassée. Même si l’intérim continue à largement dominer parmi ces nouveaux postes, cette augmentation de l’emploi alimente aussi les effectifs salariés.
Selon la FFB, le secteur a retrouvé des couleurs grâce à la croissance économique, à la persistance de faibles taux de crédit et au maintien du niveau de construction locative sociale et des aides fiscales à l’acquisition et à la rénovation. En revanche, la hausse des prix de l’immobilier, la lenteur de la simplification administrative et le retard pris par le plan de rénovation énergétique restent des sujets de préoccupation pour la filière, qui pourraient amoindrir les perspectives de croissance du BTP. Les ventes de logements ont en effet chuté au deuxième trimestre et les collectivités locales ne réalisent pas leurs budgets pour les travaux de BTP. Selon la FFB, une révision trop brutale des aides au logement ou un effort trop lourd demandé aux collectivités conduirait à un retournement du marché. Un constat qui s’applique également aux aides à la rénovation en général et à la rénovation énergétique en particulier, alors que la croissance de ces segments reste pour l’instant limitée et fragile.
De plus, l’impact de cette reprise varie encore considérablement selon les métiers, les territoires et la taille des entreprises. Les prix restent très bas et ce sont surtout les majors du secteur qui gagnent les marchés. Beaucoup de PME et de TPE devront encore patienter avant d’en profiter. « Nous avons passé le point bas de la crise. Les carnets de commandes se regarnissent, mais il n’y a pas d’euphorie et nous ne sommes pas dans une croissance à deux chiffres », résume de son côté le PDG de Vinci, Xavier Huillard.
Bien que la santé soit une préoccupation du quotidien, le secteur associé a lui aussi subi les affres de la crise, le patient-consommateur retardant au moins son passage chez certains spécialistes ou l’achat d’équipements comme les lunettes. Secteur connaissant une concurrence très importante, l’optique a fait les frais d’un renoncement aux soins largement constaté. Seul le leader du secteur, Optic 2000, est parvenu réellement à tirer son épingle du jeu : ses ventes ont continué à progresser ces dernières années dans un contexte pourtant défavorable. Organisée sous forme de coopérative et pilier de l’économie sociale et solidaire (ESS), le groupe totalise aujourd’hui 2 255 points de vente, dont 1 200 sous enseigne Optic 2000 en France. C’est le premier réseau d’opticiens français et la première enseigne de distribution non alimentaire. En 2016, le groupe a ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 905 millions d’euros, en hausse de 1,8 %, sa part de marché progressant de 0,2 points, pour atteindre 13,5%. « Malgré le durcissement de l’environnement concurrentiel, nous sommes parvenus à maintenir un niveau de croissance positif grâce choix stratégiques et commerciaux engagés ces dernières années », analyse Yves Guénin, secrétaire général d’Optic 2000. Une croissance régulière qui se traduit à la fois par l’augmentation du nombre de magasins et par la progression du chiffre d’affaires moyen des points de vente.
En plein crise, Optic 2000 a fait le choix contracyclique d’investir, avec pour priorités la densité, la qualité et le professionnalisme du réseau. Cela s’est notamment traduit par la certification « Qualité en Optique » délivrée par l’Afnor. L’enseigne continue à privilégier la proximité et poursuit le développement de son réseau pour compléter un maillage territorial déjà dense. « 85 % des Français se trouvent à moins de quinze minutes en voiture d’un point de vente Optic 2000 », précise Yves Guénin. La coopérative mise enfin sur le déploiement d’un nouveau concept de magasin qui fait la part belle au digital. Des écrans tactiles et des tablettes disponibles au sein de l’espace de vente permettent d’essayer virtuellement des montures et de choisir, grâce à un logiciel de reconnaissance faciale, les mieux adaptées à son visage. L’ensemble représente un effort considérable pour la coopérative ; le timing semble pourtant un choix judicieux pour l’instant, Optic 2000 réussissant à maintenir, voire agrandir, l’écart avec ses concurrents.
Les perspectives du secteur de la santé sont aujourd’hui meilleures, les patients revenant en magasins. Du côté d’Optic 2000, on s’efforce de jouer le coup d’après : le réseau a ainsi lancé la commercialisation de lunettes dans les pharmacies grâce à un accord avec la start-up Otiko, un nouveau service « à domicile » pour les personnes âgées et isolées, et une nouvelle offre destinée aux enfants.
Pour Optic 2000 comme pour Vinci ou PSA, 2017 pourrait bien marquer la première véritable année de reprise assurée, après des années de doute sur la réalité du retour de la croissance. Reste à savoir si l’optimisme retrouvée ne porte pas en lui les graines des crises futures. Devant tant d’indicateurs au vert dans tant de secteurs, gageons que nous avons quelques années devant nous tout de même.